Quelques pages de cahiers de CP

écrire... c'est d'abord penser.

 

 

Écrire, c’est un geste inscrit dans le temps et dans l’espace.

En outre, écrire c’est « coder » de la pensée, ce n’est pas du desssin.

Alors, lorsque nous demandons à nos élèves de copier un mot en tout début d’année  puis une « modeste » phrase, plus tard, pour parvenir à un court texte en fin d’année, il s’agit d’un exercice nécessitant une grande « intelligence »*!

Tout d’abord lire ce que l’on va écrire pour le comprendre, afin de pouvoir en évoquer les images, sons, odeurs, sensations. Car imaginer, c’est avec nos cinq sens!

Puis une fois que nos élèves ont formé une image mentale pour s’assurer qu’ils ont bien compris ce qu’ils vont écrire, ils peuvent passer à la « copie », c’est à dire écrire en parlant à la vitesse de leur écriture. Nous pouvons dire cela: « syllaber les mots à la vitesse de notre main ».

S’il y a des oublis, des erreurs, c’est que certainement, notre voix a été plus vite que notre main, ou alors que nous n’avons pas pris suffisamment de temps pour évoquer ce que nous allions écrire, ou encore que nous ne nous sommes pas autorisés à parler pour écrire. Alors notre copie peut devenir mécanique, il ne s’agit plus que de « copier de lettres, ou des syllabes » qui perdent alors leur sens. Pour y remédier, il faut respecter ce qu’est l’écriture: coder du sens afin d’en respecter les règles qui sont le gage d’être compris par tous! Pour cela, il est indispensable de se parler, de se dire consciemment ce que nous voulons écrire.

Ainsi pour écrire: « un savant de soixante ans », il est important auparavant de « voir » ce savant, où il se trouve, comment il est habillé. Et comme il a soixante ans, il aura les caractéristiques de cet âge (quelques rides, quelques cheveux blancs ou gris, ressembler à  Papi, ou à un familier, etc.)! Souvent, il suffit de convoquer un souvenir d’une situation qui nous évoque ce personnage (un film, une BD, un livre, une discussion, une visite au Palais de la Découverte etc.)**

Puis, il faut « syllaber » les mots: « un sa-vant de soi-xan-te ans » tout en réfléchissant à la manière d’écrire les sons que nous entendons. Un petit coup d’œil au tableau pour se rassurer: « Je n’oublie pas le « t » muet de savanT, sinon les filles ne pourront pas être savanTEs, « soiXante » avec « x » à cause de « siX », car soixante, c’est six dizaines (au passage, petit souvenir de calcul), « ans » avec « a » car c’est de la famille de « Année » et « s » à la fin parce que soixante, c’est beaucoup, c’est du « pluriel » (qui veut dire plusieurs).

Chacun évoque à sa manière ces règles, mais elles sont utiles et indispensables pour que nous puissions nous comprendre et communiquer. Car écrire c’est être capable de « parler » à d’autres, en s’affranchissant de l’espace et le temps! Voyez nos écrivains, nos historiens, nos scientifiques, et chacun de nous bien sûr!

Un autre exemple pour illustrer l’importance de la copie: Dans notre livre de lecture, nous avons l’occasion de lire, copier, les mots « habile » et « agile », c’est l’occasion de souligner la nuance qui existe entre l’un et l’autre: nous sommes habiles plutôt avec nos mains, tandis que nous sommes agiles avec notre corps tout entier. Les nuances sont importantes pour savoir utiliser les mots à bon escient et ainsi exprimer précisément ce que nous pensons. Cela sera très utile pour les rédactions futures!

Bien sûr, pour écrire correctement, il faut apprendre la manière de former les lettres, mais ce « dessin » des lettres doit toujours demeurer au service du sens. C’est pour cette raison d’ailleurs, que l’écriture comme geste, doit être soignée afin d’être lue aisément de tous.

*comprendre ce que nous sommes entrain de faire!

**Cela souligne au passage, l’importance de vivre des expériences vraies pour se forger un bagage, « une culture générale ». Chaque copie est ainsi l’occasion d’approfondir notre vocabulaire, développer nos capacités d’évocation.

 

 

Couronne
Couronne

L’apprentissage de l’écriture se fait plus lentement que celui de la lecture. Il nécessite de la patience, de l’attention, une bonne notion du temps et de l’espace. En effet, les mots sont une suite de lettres qui s’ordonnent dans le temps, les unes à la suite des autres et dans l’espace car elles sont une suite de gestes ordonnés avec un point de départ précis, et une fin pareillement précise, sans oublier que les lettres s’enchaînent les unes avec les autres selon des règles précises!

Couronne

L’écriture doit être lisible, aisée afin de nous aider efficacement et sans fatigue, à traduire notre pensée, d’où l’importance de se donner le temps de bien apprendre la formation des lettres et leurs enchaînements, ainsi que les « levers de crayon », ou encore « la pose des accents, barres et autres points sur les « i ».

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